Thu Jan 16 2025
Suite à l’annonce de son départ à la retraite, Shuhei Yoshida a accordé une interview au média Kinda Funny Games, où il retrace sa longue carrière chez Sony et partage des observations intéressantes sur l’échec de la PS Vita.
Si le nom de Shuhei Yoshida ne vous est pas familier, mais que vous avez été joueur sur PlayStation, alors vous lui devez une bonne partie de vos sessions de jeu.
Recruté par Sony en 1986 après ses études, Yoshida a gravi les échelons en travaillant sur des titres emblématiques tels que Gran Turismo et Ape Escape, avant de devenir président de Sony Interactive Entertainment Worldwide Studios de 2008 à 2019.
C’est le site Time Extension qui rapporte les propos de Yoshida dans cette interview de plus de deux heures.
Sony, fort du succès de la PSP (vendue à 80 millions d’exemplaires), décide de lancer une nouvelle console portable : la PS Vita. Cependant, cette ambition se heurte à un concurrent de taille. Nintendo, avec sa 3DS, rencontre un succès fulgurant, atteignant près de 76 millions d’unités vendues. À l’inverse, la PS Vita peine à s’imposer et se limite à environ 15 millions d’exemplaires écoulés.
Pourtant, Yoshida souligne que la concurrence n’est pas le seul facteur ayant freiné la Vita.
Yoshida explique que Sony avait réparti ses équipes entre la PS Vita et les consoles de salon, notamment la PS4. Avec un nombre limité de studios, l’entreprise a dû faire des choix, et c’est la PS4 qui a été priorisée. En comparaison, plus récemment, Nintendo a réussi à consolider ses équipes pour travailler sur une seule plateforme hybride, la Switch, une stratégie que Yoshida considère comme l’une des clés de son succès.
Un autre point soulevé par Yoshida concerne les cartes mémoire propriétaires de la PS Vita, souvent critiquées pour leur coût prohibitif. Il admet que ce choix a pesé sur les consommateurs :
« C'était une erreur. Les gens doivent dépenser plus d'argent pour obtenir une carte mémoire. »
Les cartes SD standard, comme celles utilisées par Nintendo pour sa 3DS, auraient été une alternative plus économique et pratique. À noter que pour certains jeux, cette carte mémoire devenait obligatoire.
La PS Vita intégrait des innovations comme l’écran tactile arrière et un écran OLED de haute qualité (d'ailleurs retiré au profit d'un écran LCD plus tard), mais Yoshida reconnaît aujourd’hui que ces choix ont alourdi les coûts sans apporter de réelle valeur ajoutée. Ces éléments, bien que séduisants en phase de prototypage, n’étaient finalement pas indispensables.
Par ailleurs, l’absence de sortie TV sur le modèle commercial a également nui à la console. Yoshida révèle que cette fonctionnalité était présente dans les kits de développement mais a été retirée pour économiser sur les coûts de production. Une décision regrettable lorsqu’on considère l’impact positif de la compatibilité TV sur le succès de la Switch.
Il est toujours plus facile de tirer des leçons après coup, en particulier face au succès de la Switch, qui semble aujourd’hui être une évidence en termes de conception. Cependant, on ne peut nier que Sony a tenté d’innover avec la PS Vita, en proposant un produit de qualité et avant-gardiste pour l’époque, notamment grâce à son écran OLED, sa surface tactile arrière et ses graphismes impressionnants pour une console portable sortie en 2011.
Après les propos de Yoshida, on ne peut s’empêcher de se demander quel succès aurait pu connaître la PS Vita si elle avait été dockable ou, à minima, compatible avec une sortie TV, une fonctionnalité que la Switch a brillamment exploitée cinq ans plus tard.